Texte à sa grande sœur Julie, prête à suivre son
Texte à sa grande sœur Julie, prête à suivre son chéri qui avait choisi de s’installer à Paris pour suivre ses études de piano
Julie (le 14/10/06)
L’artiste vit dans la capitale…
Pour ses projets, c’est capital.
Il a donc fait ses valises :
Son piano et quelques chemises…
L’appartement où vous viviez, brusquement, c’est vidé
Au fur et à mesure des journées, ton cœur aussi c’est évidé
Il partait pour Paris…
Et toi tu restais ici.
Tu ne vivrais plus cet appartement
Subitement, bien trop grand.
Tu as aussi fait tes cartons
Machinalement, loin des passions
Réfugiée chez ta meilleure amie
En attendant une accalmie…
Mais qu’a-t-il fait, Julie, qu’a-t-il fait ?
Toi qui le trouves si parfait
Tu ne comptes plus ton amour : « adieu, mathématiques ! »
Mais sa prose n’est-elle pas très hypothétique ?
Sa tendresse est un leurre
Où es-tu dans son cœur ?
Jolie femme, tu colorais sa vie d’avant
Tu y faisais le rangement
Tu lavais son linge sale
Tu choyais son moral
Tu diffusais un rire d’enfant
Quelque soit l’humeur du moment
Tu as mis du beurre dans les épinards
Pour lui, vraiment, c’est peinard
Et comme il est un peu sans gène
Pourquoi refuser cette aubaine ?
Dis-moi comment t’es-tu construite ?
Est-ce que tu observes ta fuite ?
Captant sa pluie de compliments
Rassurants tes sentiments
De l’amour ? En vois-tu la couleur ?
Cet homme si cher à ton cœur, connais-tu son odeur ?
Ca sent l’artiste opportuniste
Ca sent l’esbroufe et c’est triste…
Il est partit, tu étais belle
C’est tout ce qu’il savait de toi et c’est cruel
Et toi tu sais, et toi tu sens, et toi tu saignes
Et tu te noies et tu t’accroches aux idées vaines
Abreuvée par le flot de ses mots
Attachée à ce fragile radeau…
Esseulée mais battante, tu as ramé
Pour te rapprocher de ton bien-aimé
Il est partit ; pour un week-end tu l’as rejoint
Et dans tes bras tu l’as serré, qu’il était loin !
Il t’a emmené dans tous les brico-marchés
Il ne pensait qu’à s’installer, l’acharné !
Tu lui as dit la grande nouvelle
Entre les cartons et la vaisselle…
Tu quitterais famille, amis, travail
En l’honneur de vos retrouvailles !
Le plaisir ne fut pas partagé
Son opinion fut mitigée
Maintenant, il se concentre sur ses études
« Adapte-toi », comme d’habitude !
Tu sais, sa porte n’est qu’entrouverte
Et c’est ça qui me déconcerte
Cèderas-tu tout ce que tu as
Pour quelqu’un qui ne t’attend pas ?
Tu serais si délicieuse
Si tu pouvais être silencieuse
Dans son appartement, tu ne feras pas le poids face au piano
Et ses notes couvriront tous tes mots…
Si tu es sage, tu auras droit aux embrassades
Et il brassera quelques jérémiades
Julie, ne paye pas le prix de ton rire
Pour un amour dont tu sais qu’il chavire
Ne t’éloigne pas des tiens
Tu pourrais avoir besoin de soutien
Reviens-moi, ma sœur
Il se fout de ta valeur
Tu mérites un homme aussi pur que toi
Ne fais pas le mauvais choix
Mais ton amour est tenace et tu ne m’entends pas
Tu n’écoutes que lui et je ne m’y fais pas
Il te laisse le rejoindre à tes risques et périls
Vois ça comme un honneur et sois un peu docile
Il te berce encore de mots doux
Plus dur en sera le coup :
De toutes ses cigarettes
De toutes ses cendres qu’il jette
De son haleine perfide
De ses lèvres pleines de rides
Il te donnera un dernier baiser
Celui qu’on cède à la mal-aimée
Il te brûlera les ailes
Ne pars pas ma belle !